Thesis of Amélie Rémy Néris

scalab Manifestations scientifiques Soutenance de thèse
Salle des colloques, Maison de la recherche, Campus Pont de Bois

Lecture partagée et développement du langage de l’enfant avec une déficience intellectuelle

Composition du jury:
Pr. Monique Sénéchal, Université de Carleton (Rapporteure)
Pr. Cécile Colin, Université Libre de Bruxelles (Rapporteure)
Pr. Stefano Rezzonico,  Université de Montréal (Examinateur)
Pr. Yannick Courbois, Université de Lille (Examinateur)
Dr. Lucie Macchi, Université de Lille (Co-encadrante)
Pr. Bruno Facon, Université de Lille (Directeur)


Résumé:

La lecture partagée, activité ludique qui consiste à interagir avec un enfant autour de l’histoire d’un livre et de ses illustrations, est étudiée depuis de nombreuses décennies en raison de ses effets bénéfiques sur le développement du langage. Des travaux conduits chez les enfants tout-venant ont montré qu’elle permettait d’enrichir le vocabulaire et, possiblement, de favoriser l’apprentissage de structures morphosyntaxiques. Il pourrait donc s’avérer utile de promouvoir cette pratique auprès d’enfants présentant des difficultés langagières. C’est le cas notamment des enfants avec une déficience intellectuelle, lesquels nécessitent un accompagnement langagier régulier et important pour développer leurs compétences lexicales et morphosyntaxiques. Les travaux réalisés à leur sujet à propos de l’efficacité de cette activité n’en sont cependant qu’à leurs balbutiements. Dans ce travail de thèse, nous nous sommes attelés à cette question en mettant en œuvre une étude interventionnelle. En l’occurrence, un essai contrôlé randomisé a été conduit auprès d’enfants de 6 à 12 ans scolarisés en instituts médico-éducatifs, des établissements accueillant des enfants et adolescents présentant une déficience intellectuelle. Différentes épreuves ont été administrées à l’ensemble des participants au cours d’un prétest. Elles consistaient en deux tests cognitifs, quatre épreuves lexicales et quatre épreuves morphosyntaxiques. Chaque domaine langagier a ainsi été évalué sur les versants réceptif et expressif. Les épreuves de langage étaient constituées, de manière équilibrée, de tests standardisés et d’épreuves expérimentales construites par nos soins pour les besoins de l’étude. Ces épreuves, contenant des items en lien direct avec le vocabulaire ou les structures morphosyntaxiques travaillées au cours de l’intervention, avaient pour objectif d’évaluer avec davantage de sensibilité les acquis des participants. Au total, 108 enfants présentant une déficience intellectuelle légère à modérée ont été inclus dans l’étude. Ils ont été répartis en deux groupes. Un premier groupe (« VOCABULAIRE ») a bénéficié de séances de lecture dialogue, une forme de lecture partagée particulièrement interactive. Ces séances étaient centrées sur l’apprentissage de 30 mots cibles. Le second groupe (« MORPHOSYNTAXE ») a, quant à lui, participé à des séances de lecture dialogue consacrées à l’apprentissage de trois structures morphosyntaxiques.
Des tests statistiques ont été utilisés pour contrôler l’équivalence des groupes au prétest en ce qui concerne l’âge, le sexe, le niveau socioéconomique, le nombre de séances de lecture dialogue, les compétences pragmatiques, l’ampleur des troubles du comportement, l’investissement des participants au cours des séances et, bien entendu, leur niveau de développement cognitif et langagier.
Au terme des séances, les épreuves langagières ont été une nouvelle fois administrées. La comparaison des performances des deux groupes suggère que l’entraînement du groupe VOCABULAIRE a permis d’améliorer significativement la compréhension et la production des mots cibles par les participants. Ce résultat confirme les enseignements des travaux conduits antérieurement à propos des enfants tout-venant et ouvre des perspectives cliniques intéressantes ainsi que des pistes pour de futurs projets de recherche dans le champ de la déficience intellectuelle. En revanche, les résultats obtenus aux épreuves de morphosyntaxe ne permettent pas de conclure à l’efficacité des séances de lecture dialogue pour améliorer les compétences de nos participants, possiblement en raison d’un trop faible nombre de séances et/ou d’une moindre malléabilité de la composante morphosyntaxique du langage. Les données collectées sont cependant source de réflexions et de suggestions pour de futurs travaux interventionnels visant à favoriser le développement des compétences morphosyntaxiques chez les enfants présentant une déficience intellectuelle.


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